vendredi 4 juillet 2008

VOYAGE EN TRAIN DIRECTION INGRANDES SUR LOIRE



Si dans nos premières années, nos parents ne nous emmenèrent pas en vacances, nous rendions visite, de temps en temps, à mes tantes, sœurs de ma mère qui habitaient dans la région de Varades, près d'Ancenis. Je n'avais que trois ou quatre ans mais j'ai encore plein de flashs de ces moments-là. Nous allions le plus souvent voir ma tante Germaine qui avait une ferme près du bois d'Ardennes à la Chapelle-Saint-Sauveur, dans la Loire Inférieure, à la limite du département du Maine-et-Loire. 

Ingrandes sur Loire : La Loire

C'était une aventure car nous prenions le train à la Gare Saint-Laud qui n'avait pas le même visage qu'aujourd'hui car les bâtiments de la gare avaient été bombardés en 1944. C'était un train qui faisait omnibus jusqu'à la gare d'Ingrandes-sur-Loire : il était plein de voyageurs et de victuailles. On s'installait sur les banquettes non sans avoir monté les bagages dans les filets et là on observait tout le paysage ligérien qui défilait à travers les volutes de fumée de la locomotive à vapeur et on arrivait à Ingrandes-sur-Loire dans un grincement de roues. Déjà, en sortant de la gare, on entendait le claquement de fouet de mon oncle qui arrivait tout aussi bruyamment en carriole. Mes parents s'asseyaient auprès de mon oncle qui conduisait l'attelage ; nous, les enfants de chaque côté de la carriole à l'arrière et "En voiture, Simone !". Nous prenions ainsi la direction de la ferme des Brosses en traversant le carrefour de la Riottière qui était beaucoup moins passager que de nos jours.
 
La carriole du dernier voyage

Le dimanche, aux Brosses, on allait à la messe, ma tante étant très pieuse, c'était obligatoire. Il y avait encore la séparation des sexes : les hommes à gauche, les femmes à droite. Il y avait deux messes le dimanche matin à cette époque alors qu'aujourd'hui les fidèles ne remplissent même pas l'église pour une seule messe pour quatre paroisses (dans le village où je réside actuellement depuis 30 ans - un des départements voisins du 49 et traversé par la rivière du même nom, il n'y a qu'une seule messe le dimanche pour quatre paroisses c'est-à-dire quatre patelins du genre cités-dortoirs).

Les cantiques en latin, le parfum de l'encens, la procession des rameaux furent mes premiers contacts avec la religion catholique. Quand nous entrions à l'église, mes cousines et moi, la tête recouverte d'un fichu encore obligatoire, si nous osions sourire ou parler un peu fort, tour à tour des visages sévères se portaient sur nous.

Ma mère allait à la messe quand il s'agissait de messe d'enterrement car elle n'aimait pas à s'afficher dans le clan de "la calote" mais elle veilla à ce que l'on suive le catéchisme et fasse notre communion ainsi que la confirmation. Mon père était un véritable païen, comme beaucoup de perreyeurs il avait une grande méfiance à l'égard de l'église qu'il suspectait de vivre aux dépens et surtout d'abuser de la crédulité de ses paroissiens.

Nous allions à la Toussaint au cimetière de la Chapelle sur la tombe de ma grand-mère maternelle Marie Sécher qui était aussi ma marraine. Je me souviens être allée lui rendre visite une seule fois alors qu'elle était alitée dans sa ferme. Elle est morte d'une leucémie en Septembre 1949. Je revois un flash : nous allions à l'enterrement de ma grand-mère tous en carriole et les femmes avaient le visage caché par des voiles de deuil. Ces voiles qui étaient attachés au chapeau par un jeu d'épingle leur couvraient le visage et descendaient jusqu'au buste accentuaient cet aspect lugubre des enterrements d'autrefois. Au cimetière, toute la famille était alignée devant le portail d'entrée pour recevoir les condoléances de tous ceux qui étaient présents et là les femmes dont ma mère consentaient à relever leur voile car souvent c'était de longues embrassades.








Ma grand-mère, Marie LHERIAU
née en 1886, épouse de Jean SECHER décédée dans sa ferme à la CHAPELLE SAINT SAUVEUR à l'âge de 63 ans. Elle était aussi ma marraine mais malheureusement je ne l'ai que trop peu connue. Elle a eu une vie de labeur comme celle de tous les paysans au début du siècle dernier.

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