vendredi 4 juillet 2008

DÉMÉNAGEMENT POUR LA CITÉ DES TELLIÈRES A TRÉLAZÉ

La cité des Tellières lorsque nous sommes arrivés en 1953 offrait le même visage mais les enfants n'étaient plus les mêmes, leur habillement avait changé, ceux de la carte postale étaient devenus des adultes.



Le 8 Mai 1953, nous quittâmes Sorges pour la cité des Tellières à TRELAZE. C'était une cité ouvrière avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une place centrale qui offrait un lavoir collectif et un château d'eau.
 
Le déménagement nous a comblés car nous avions fait un échange de logement avec un monsieur qui était veuf ; je pense que lui n'avait rien gagné au change tandis que nous, nous étions heureux. Pour nous commençait une nouvelle vie de quartier avec ses amitiés, ses rigolades mais aussi ses rivalités et ses non-dits.

Si nous ne regrettions pas notre logement au 19 de la rue Camille Perdriau, il  faut dire que maman le détestait carrément car elle en avait gardé un mauvais souvenir qui remontait au temps de l'exode. La propriétaire avait profité de son absence, alors qu'elle était partie rejoindre sa soeur à la ferme  aider à la fenaison tandis que mon père était parti à la guerre, pour héberger des réfugiés dans son deux-pièces. Quelle ne fut pas sa désagréable surprise quand elle est rentrée de constater que les fuyards de cet exode avaient surtout laissé son deux-pièces très sale. Elle n'en voulait pas à la propriétaire mais à ces gens qui dans leur fuite malheureuse avaient laissé son logement dans un état lamentable. Elle jugeait que le désespoir ne justifiait pas le manque de savoir-vivre et de propreté.

Nous avions donc aménagé huit ans après l'armistice qui mit fin à la seconde guerre mondiale au 10, rue du Marché à Trélazé et nous étions enfin "chez nous". La maison donnait sur un grand jardin entouré de grands murs en pierres ardoise ce qui nous isolait un peu des voisins. Nous entrions par un portail en bois qui donnait sur une allée laquelle longeait le pignon de la maison. Là nous arrivions dans une cour pavée toujours en ardoises où se trouvaient des marches en ciment par lesquelles nous accédions à la pièce principale qui communiquait à la chambre des parents dont la fenêtre donnait sur la rue.





Au premier étage, au-dessus de la cuisine se trouvait le grenier et une grande pièce servant de chambre donnait également sur la rue. Cette pièce fut séparée par une cloison en contre-plaqué confectionnée par mon père afin que mon frère et moi puissions avoir un semblant de chambre séparée. Dans la cour se trouvait également une cave avec en prolongement un bassin également en pierres ardoise sur lequel se déversait la gouttière de la cave et qui, toujours moussu, servait de refuge à des têtards. 



 Moi, mon frère et Minouche près du bassin en pierres d'ardoise vers 1955.
La cour, le bassin, les murs d'habitation, les clôtures, les piquets.. enfin tout était en ardoise, il y avait la matière première sur place...

Nous n'avions toujours pas le confort d'une salle de bains, nous nous lavions dans une bassine posée dans le résidu sous l'escalier et nous n'avions toujours pas l'eau courante à la maison. Les "bains douche" dans la bassine sous l'escalier l'hiver ou dans le "cavreau" l'été, c'est toute une tranche de vie, çà.

Mon père, généralement, allait puiser de l'eau au robinet commun à tout le quartier qui était situé à l'entrée de la rue du Marché, près de la Grande Place. C'était en fait, un ancien puits et souvent ma mère pestait car tout le voisinage "allait à l'eau" en même temps, généralement avant les repas, et la fontaine providentielle se transformait en "Radio Robico" vu que mon père aimait bavarder et les voisins aussi. Alors ma mère qui attendait son eau pour faire la cuisine nous envoyait chercher un seau. 

Et, nous en avons tant trainé de ces seaux débordants qui nous gratifiaient d'un bain de pied glacé dès qu'on les posaient à terre, essoufflés.

Nous n'avions pas le chauffage central non plus. Nous nous chauffions avec du charbon que l'on mettait dans le foyer de la cuisinière qui chauffait la cuisine et en même temps la chambre des parents. La cuisinière servait à mijoter les plats et la gazinière pour faire tout ce qui demandait de la rapidité. Le foyer de la cuisinière était nettoyé des cendres de la veille avant d'être allumé le matin. C'était la corvée de maman. Pour faire démarrer le feu, elle mettait d'abord du papier journal froissé recouvert d'un petit bois qu'elle enflammait. Sitôt que le petit bois brûlait, elle rajoutait du charbon dans le foyer qui s'ouvrait par le dessus. Autour de la rondelle de fonte qui permettait de charger le charbon - ou le bois - se trouvaient des cercles concentriques que l'on pouvait ôter à loisir en fonction des éléments à introduire. 


Quand maman s'absentait pour se rendre au travail, mon frère et moi étions tenus de ne pas laisser le feu s'éteindre dans la journée et de l'entretenir avec du charbon. Le seau restait donc au pied de la cuisinière sur laquelle était placée, en permanence, une bouilloire qui permettait d'avoir de l'eau chaude. Au-dessus de la cuisinière, sur des fils à linge, étaient suspendus des torchons, des serviettes, quelquefois même de la lingerie, des chaussettes séchaient... 

Si cette cuisinière permettait de chauffer la chambre des parents, la nôtre qui était à l'étage, sous les toits, était plutôt glaciale l'hiver. Mes parents nous avaient installé un petit poêle pour les jours de grand froid mais il avait le désagrément de dégager une mauvaise odeur d'où la nécessité d'aérer la pièce ce qui n'arrangeait rien à la température intérieure. Il n'était pas inhabituel de voir les vitres agrémentées de jolies fleurs de givre certains hivers très rudes mais j'avais toujours un bon édredon sur mon "cosy" et, au moment d'aller me coucher, je prenais ma brique dans le four de la cuisinière que j'emballais d'un papier journal.




Dans la cuisine, au début des années 60, la cuisinière est toujours là sur laquelle une bouilloire trônait en permanence et du linge à sécher...

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