vendredi 4 juillet 2008

NOS JEUX A LA PYRAMIDE



Promenade hivernale à ANGERS avec Maman.



Je jouais souvent dans la cour de notre logement de la Pyramide avec ma petite voisine Jacotte avec peu de chose car nous n'avions que peu de jouets. A l'époque, nous jouions beaucoup à la balle. Nous lancions la balle contre un mur en la faisant rebondir tout en chantant "En remuant, sans remuer, sans rire, sans parler, d'une main, de l'autre, tapette, moulinette, main devant-derrière et tourbillon" et bien sûr en exécutant tous les gestes dits dans la comptine.

Nous avons dû passer des heures, assises l'une près de l'autre, sur les marches du couloir commun aux habitations, à rire et à goûter aux tartines du "quatre-heures" qui consistaient en des tartines beurrées avec du chocolat râpé parsemé dessus.


J'avais une autre petite voisine dont les parents habitaient de l'autre côté de la rue Camille Perdriau, juste en face de notre immeuble. Les parents de Chantal vivaient sous le même toit que ses grands-parents maternels. Nous jouions quelques fois sur le trottoir sans nous en éloigner car sa grand-mère était très sévère. Son grand-père était un brave homme qui l'accompagnait chaque jour sur le chemin de l'école en bicyclette. Je garderai toujours en mémoire le souvenir d'un vieil homme qui pédalait droit sur son vélo avec à l'avant de celui-ci sur un porte-bagages, toujours le même cageot. Sa petite fille pédalait à ses côtés sur son petit vélo. Je me souviens de cette journée de juin 1955, c'était un vendredi et nous jouions dans la cour de l'école quand elle m'annonça qu'elle ne viendrait pas en classe le lendemain (il faut dire qu'à cette époque-là nous avions classe toute la journée du samedi, les gens ne partant que rarement en "week-end" et par contre nous n'avions pas classe le jeudi, journée qui fut remplacé par le mercredi). 


Mais Chantal n'est pas venue à l'école ni le lendemain, ni les autres jours : je ne l'ai jamais revue. Elle fit partie - ainsi que sa grand-mère - des nombreuses victimes de l'accident tragique de l'édition de 1955 des 24 Heures du Mans.

Maman m'appris très rapidement à aller en vélo à l'école : j'avais eu droit à la suite de je ne sais plus quelle occasion à un vélo rouge avec les sempiternelles sacoches.  

Il faut dire que le vélo maternel qui était - je m'en souviens - de couleur noire avec des pneus énormes comme ceux d'une "mob" et des gardes-boue en alu martelé, était un véritable transport en commun. Maman transportait sur son vélo mon frère assis sur le porte-bagages à l'arrière tandis que moi avant d'acquérir ma bécane, j'étais assise à l'avant de son vélo sur un second porte-bagages lequel n'avait rien d'un fauteuil confortable. Il était en fer grillagé et au bout de quelques centaines de mètres de parcours du vélo maternel, le siège me blessait singulièrement les cuisses.

Mais le problème de mon apprentissage de la bicyclette c'est que l'engin devait faire de l'usage et moi, j'étais trop petite : je pédalais donc rapidement en danseuse jusqu'au jour où j'entrais en collision avec une autre cycliste car les gens à bicyclette étaient nombreux dans ce temps-là. En l'occurrence, il s'agissait d'une vieille dame qui s'est relevée rapidement. Ma copine de classe, Janine P... me fit, pendant la récré, toute une explication avec dessin à l'appui pour me prouver que la mémé était en tort : elle devait avoir son code de route à elle mais moi, pour l'essentiel, j'étais rassurée. Nous étions, en tous cas, très complices, Janine et moi car, d'année en année, elle était ma voisine de classe. Nous avons appris à compter sous la houlette de la femme du directeur avec des bûchettes. Madame C......... avait, en effet, la charge d'éduquer les nombreux enfants du "baby boum" de l'après-guerre qui peuplait la "classe enfantine". L'épouse du directeur était très maternelle tandis que son mari était très craint.

Le Directeur, était comme tous les "dirlos" de cette époque, sévère mais beaucoup respecté. Il enseignait dans la classe du "certif". Mr et Mme G........ s'occupaient des classes intermédiaires. Avec ma copine Janine, nous avions peur du Directeur et nous n'osions pas l'approcher. Il a fallut qu'il vienne nous chercher chez Mr G....... lors du passage dans sa classe, le premier jour de la rentrée, nous n'avions vraiment pas envie de franchir la classe supérieure qui était la sienne. Avec le recul, je crois que derrière ses grosses lunettes et sa grande blouse grise, il se cachait beaucoup d'humanité.

Je me souviens d'un après-midi de 1954 où il nous avait fait vivre avec beaucoup de passion la première prospection pétrolière à Parentis-en-Born (Landes) que nous écoutions à la radio (le lendemain : rédaction garantie).

Un autre souvenir me revient : les premières leçons du matin commençaient toujours par de l'instruction civique et de la morale. Tout cela s'enchaînait sur une interrogation écrite que nous devions copier sur le dos d'un bulletin électoral (il en récupérait des quantités impressionnantes : économie de papier oblige...) Pour nous, il convenait de ne pas écrire trop gros car ces bulletins qui souvent ne comportait qu'un seul nom étaient donc petits. On nous enseignait beaucoup de valeurs morales, par exemple, lorsqu'un adulte franchissait la porte de la classe, il fallait se lever en silence et les garçons devaient aussi enlever leur béret systématiquement dès leur arrivée dans la salle.


Quand la cantine fut installée dans une salle située derrière le préau de l'école, fini les repas réchauffés dans une gamelle sur le poêle. Les élèves habitant assez loin de l'école commencèrent progressivement à l'utiliser. Ce n'était pas le "restaurant scolaire" avec self comme aujourd'hui. La cuisine n'était pas raffinée et la cuisinière non plus car elle finit par être renvoyée.
On n'était pas très "à cheval" sur l'hygiène mais il y eut quand même quelques laisser-aller. Je me  souviens surtout de ces pâtes grôssières sans beurre et sans fromage que l'on mangeait sans appétit. 

J'ai reçu lors de mon passage dans les classes enfantines, le  livre d'Alphonse Daudet de la chèvre de Monsieur Seguin. Je l'ai lu et relu de nombreuses fois et à chaque fois, le triste sort de la petite chèvre me faisait pleurer. J'ai gardé toute mon adolescence le goût de la lecture.


Promenade estivale à ANGERS, place Imbach, de toute la famille. Nous passions devant un de ces baraquements construits à la hâte à la fin de la seconde guerre mondiale pour loger les sinistrés des bombardements de la gare. Pour ce qui en est de celui de la photo, il devait s'agir d'un ferblantier.

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