vendredi 4 juillet 2008

LA DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PRIX ET LES DIMANCHES DE SORGES


Enfin arrivait le grand jour de la distribution solennelle des prix qui avait lieu généralement le 1er ou le deuxième dimanche de Juillet. Un estrade décoré de branchages était dressé dans la cour de récréation des filles devant le préau également orné de drapeaux tricolores. La fête pouvait commencer : chants et danses étaient interprétés par les élèves devant le public composé des parents et amis de l'école installé sous les frais ombrages des tilleuls.


Scènette interprétée par la classe enfantine de la Directrice lors d'une distribution des prix en 1953, sur le thème du "chasseur qui visa le noir mais tua le pauvre canard blanc" - chanson canadienne du début des années 50.


Les prix d'excellence couronnaient les meilleurs élèves qui avaient droit à un beau livre rouge et or relié avec un certificat collé sur la première page. J'ai eu le prix d'excellence en cours élémentaire 2ème année dans la classe de Monsieur Gauduchon avec un prix d'orthographe, rédaction et lecture. Des élus de la commune des Ponts de Cé faisaient acte de présence assis au premier rang de l'assemblée accompagnés de leurs épouses souvent bien "chapeautées" mais l'atmosphère était "bon enfant" . A l'appel de nos noms, l'un des enseignants désigné à cette tâche distribuait les livres à ces personnalités ravies de les remettre ensuite aux élèves lauréats sous les applaudissements du public avec les félicitations d'usage et en les encourageant surtout à continuer à bien travailler. Mes parents étaient très fiers des récompenses que j'ai pu mériter. Les fêtes de distribution "solennelle" des prix m'ont laissé un goût de nostalgie : elles ne ressemblaient en rien aux fêtes de fin d'année scolaire que nous connaissons actuellement, elles avaient ce petit quelque chose de "solennelle" .





La première fête de distribution des prix pour mon frère, la seconde pour moi, au fond le logement du directeur de l’école.

Je me souviens d’une chanson que nous apprenait la Directrice dans les premières années de classes enfantines et que nous chantions avec ferveur :
Dansons le rigodon
1er couplet :
Le printemps qui charme la bergère,
Le printemps ne dure pas longtemps.
Les beaux jours amis ne durent guère
Les beaux jours mes frères sont bien courts.

2ème couplet :
Le printemps réjouit la bergère,
Le printemps met la bergère aux champs.
Aimable bergère, tu ne danses guère,
Le printemps est court, profite des beaux jours

3ème couplet :
Fraîches fleurs seront bientôt fanées,Fraîches fleurs vont perdre leurs couleurs.En passant, mesdames les années
En passant, fuyez d’un pas glissant.

Refrain :
R) Tirarirarire, il vaut mieux en rire, ) bis


De gros tilleuls abritaient les cours de récréation des filles et celle des garçons et avant les grandes vacances qui débutaient généralement au 14 Juillet, nous, les élèves étions chargées de cueillir avec délicatesse les fleurs de ces tilleuls sitôt que le maître d'école, perché sur une échelle, en eut détaché les branches.  Les fleurs étaient ensuite entassées dans des grands sacs de jutes pour être ensuite séchées. Nos cours de récréation embaumaient de ces fleurs de tilleul au début de chaque été et, avant les grandes vacances, les récrés de ces fins d'années scolaires resteront toujours dans la délicieuse odeur de miel qui se dégageaient des tilleuls.  

 

 

 

 LES DIMANCHES EN FAMILLE A LA PYRAMIDE


D'aussi loin que je m'en souvienne, une autre image me revient : le dimanche, mon père se plaçait devant le miroir accroché près de la fenêtre et c'était l'occasion de rire et de chanter en faisant mousser le savon à barbe. Il utilisait avec dextérité le rasoir après s'être confectionné une barbe bien moussante. Moi, je le regardais et m'en amusais. J'aime me rappeler ces moments de bonheur bien simple, ma foi.


Si pour certains le dimanche était la journée du Seigneur, nous on écoutait les chansonniers à la radio qui brocardaient gentiment les hommes politiques et ce n'était rien à côté des guignols de l'info de notre télé actuelle. 


Quand on écoutait la radio on se pressait inévitablement autour d'un vieux poste Ducretet Thomson des années 30 (mes parents l'avait acheté en 1937 pour connaître les nouvelles internationales qui n'étaient guère rassurantes à l'époque et surtout savoir si oui ou non, il allait être obligé de partir à la guerre ce qui était encore moins réjouissant...).  

Quand il y avait des parasites ou que le son n'était pas bon, mon père tapait dessus comme un sourd ce qui n'arrangeait pas forcément le son... Il écoutait la chronique politique de Geneviève Tabouis, les "Dernières nouvelles de demain" qu'elle entamait inévitablement par sa phrase fétiche "attendez-vous à savoir" relayée par des "et vous saurez...". Mon père adorait écouter Geneviève Tabouis et inutile de vous dire que nous les enfants on avait intérêt à se taire. Mes parents n'étaient pas plus autoritaires que les autres, pour l'époque, mais, par exemple, pas question de parler à table. Si nous deux nous chahutions, mon père qui, en semaine, ne se séparait jamais de son bérêt crasseux de la "carrière" durant les repas retirait prestement son couvre-chef qui atterrissait brutalement sur nos deux têtes avec.... la poussière d'ardoise en prime.

Pendant le repas dominical, nous avions droit à un menu un peu amélioré et, souvent, ma mère, pour le dessert ouvrait un bocal de fruits au sirop. Mais ô combien l'ouverture était laborieuse : le caoutchouc restait lamentablement collé au couvercle. Il fallait presque un marteau ou un burin pour ouvrir le satané bocal. Cela agaçait chaque fois prodigieusement ma mère et faisait rire mon père qui était obligé de s'arrêter de ... rire sinon ça finissait mal pour le bocal de pêches ou de poires au sirop.

"Après la pluie le beau temps" chantait Ray Ventura à la radio. Partout, "Ya d'la joie" et pendant que les amoureux se bécotent "sur les bancs publics", on sent chez le français moyen une frénésie d'amusement, de gaîté, de rire ... ses tickets alimentaires digérés, la France reprend goût à la vie, à la fête. Les bals de quartier, les assemblées se multiplient.

Dans les années cinquante, à la fin du printemps, a lieu chaque année à la Daguenière, un défilé très coloré de chars magnifiquement décorés de fleurs en papier avec groupes de musiciens accompagnés de l'harmonie locale. Le dernier char généralement décoré de fleurs blanches accueille la reine du village et ses demoiselles d'honneur acclamées par le public très nombreux sur le parcours car tous les habitants du secteur s'y retrouvent. On se déplace "à bicyclette", c'est une véritable procession de familles en vélo qui partent vers le village ligérien. Ces fêtes ont disparu depuis belle lurette....


Balade à ANGERS un certain dimanche, descendant la rue Baudrière toujours dans les années 50, ci-dessous :

 




































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