vendredi 4 juillet 2008

NOËLS D'ENFANCE



Comme tous les enfants sages, mon frère et moi avons eu droit à la visite au "Père Noël". Cela devait être en 1952 dans un grand magasin à Angers.  

Je n'ai pas gardé de souvenirs précis des noëls de mon enfance. Le seul fait précis dont je me souviens, je devais avoir 4 ou 5 ans, maman m'avait emmenée à Trélazé pour la venue du Père Noel quelques jours avant la date fatidique du 25 Décembre. Il y faisait froid et j'ai gardé la vision d'une foule agglutinée sur l'espace libre entre la rue Jean-Jaurès et la ruelle descendant vers Malaquais. Si je ne me rappelle pas du tout de ce bonhomme Noël que nous attendions dans le froid vif, je me souviens très bien d'un homme, sortant d'un bar tout proche, venir chercher son vélo qu'il avait déposé le long d'un mur. Il demandant en vociférant d'une voix tonitruante à qui appartenait le pauvre petit vêtement d'enfant qu'une mère avait déposé et sans doute oublié sur le guidon de son vélo. C'est une image qui m'est restée car cet homme qui donnait l'impression d'un bonimenteur de foires contrastait avec la joie qui éclairait les visages des enfants et de leur maman dans l'attente du Père Noël. Le vêtement qu'il tenait à bout de bras ne ressemblait en rien à ceux d'aujourd'hui, à ces jolis vêtements que nous offrons aux mamans en cadeaux de naissance : l'époque n'est plus la même et les modes ont changé.



Toujours par souci d'économie, en effet, noëls d'enfance ne donnaient pas l'occasion de réjouissances exagérées : juste une petite crèche en papier rocher installée sur une commode dans la cuisine, pas de festin familial, d'autant que nous restions toujours seuls, sans famille, sans invité. Les jouets étaient aussi très simples. Pour l'un de ces tout premiers noëls, mon frère et moi avions reçu une poupée en chiffons, rose pour moi, bleu pour lui. Les couleurs traditionnelles de l'univers de l'enfance à cette époque. Pour nos deux poupées, mon père avait confectionné amoureusement un lit en bois sur roulettes peint également en rose pour moi, en bleu pour mon frère. Ensuite, mon frère eut des jouets de garçon (mécano, osselets etc...) et moi, j'ai eu droit à des dinettes, un baigneur que j'avais prénommé Joël et puis ce fut rapidement des "choses utiles".

 

Nous découvrions dans nos galoches une orange puis dans certaines années plus fastes un sabot en chocolat avec un jésus en sucre portant un maillot rose ou bleu. Mes envies étaient souvent des jouets, surtout une auto à pédales pour mon frère et moi mais je savais bien que c'était trop cher pour nous. Les adultes ne peuvent imaginer ce qui marque si fort l'esprit d'un enfant qu'il s'en souviendra toute sa vie tant il est vrai que l'enfant focalise sur de toutes petites choses pour peu qu'il ne s'exprime pas, par timidité ou sous l'effet d'une éducation trop rigide, jamais les adultes ne sauront ce qui trotte dans la tête de leur enfant. Dans la tête d'un enfant, il y a des rêves, des peurs, des envies, des questions. Il y a aussi des frustrations.

Pour en revenir aux fêtes de noël, j'ai pour ma part aperçu la première image tremblante de la télévision un soir de décembre 1956 à travers la vitre d'un magasin de radio. Mon père m'emmenait dans le soir, en guise de réveillon, vers la fin des années 50 (nous étions déjà à Trélazé), regarder à travers la vitrine d'un marchand de radio-télé "Radiola" le téléviseur installé en devanture. Malgré le froid, nous regardions le programme des fêtes avec beaucoup d'intérêt : c'était le cinéma gratuit en miniature ! Nous rentrions grelottants à la maison et je plongeais alors dans mon lit chauffé par la brique que maman avait eu soin de glisser dans mon lit pendant notre sortie nocturne et là, je revoyais, en rêve, le programme de cette soirée de fête. Nous n'étions pas les seuls à regarder la télé sur le trottoir ; certains soirs, il y avait une dizaine de personnes et nous aurions pu réveiller tout le quartier, mais curieusement personne n'y trouvait rien à redire.

Heureusement, en cette période de fête de noël, il y avait de ces moments magiques : c'étaient les représentations données par l'école dans une salle louée à Malaquais pour "l'arbre de noël". Chaque enfant était joliment habillé selon la saynète interprétée, c'étaient des tutus magnifiques de toutes les couleurs, c'étaient des habits de contes de fée... Une année, nous étions tous habillés en tenue folklorique de toutes les provinces de France. Moi j'étais en flamande et mon frère avait revêtu un habit de breton avec un chapeau melon. Ces habits de fête étaient confectionnés avec amour par les mamans qui, beaucoup plus qu'aujourd'hui, restaient à la maison.




C’étaient des tutus magnifiques de toutes les couleurs…















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