mercredi 2 juillet 2008

MON ENTREE EN SIXIEME ET MES PREMIERES VACANCES A LA MER EN FAMILLE

Angers dans les années 60 avec au fond le château et le pont de la Basse-Chaîne.


En 1958, mon frère et moi, nos bourses des mines aidant, avions obtenu l'autorisation d'entrer en sixième. Il faut dire qu'à cette époque, les études secondaires n'étaient pas obligatoires. Beaucoup d'écoliers allaient directement au certificat d'études primaires et rentraient dans la vie active à 14 ans pour être apprenti-boulanger, charcutier ou mécanicien..... vendeuse ou tout simplement ouvrière, ouvrier à l'usine. Nos instituteurs pensaient que nous étions "capables" d'accéder à d'autres études et nos parents consentirent. Ils nous firent passer un examen au Siège des Ardoisières d'Angers, boulevard du Château à Angers en 1958 où nous obtinrent la bourse des mines. Cette bourse précieuse étaient réservée aux enfants des mineurs dont les revenus étaient modestes. 

En 1958, le hula hoop et le twist venus d'Amérique déferlent sur la France et agitent nos corps. Dans la cour de récré, le hula hoop et la fabrication de scoubidous rendus célèbres par la chanson de Sacha Distel ont remplacé les jeux traditionnels. Pendant ce temps, les familles sont préoccupées par les évènements, il y a des émeutes en Algérie et ma petite voisine Jacqueline qui m'accompagne toujours sur le trajet de l'école est souvent triste : son frère est soldat et parti se battre en Algérie. Sa maman : je me souviens d'une femme au visage ridé assise en permanence devant la fenêtre de la chambre qui donnait sur la rue et qui interpellait quiconque passait sur le trottoir. 























Tocade des années 58/59, le hula-hoop est un anneau de plastique que l'on fait tourner autour de la taille avec un déhanchement rythmé.




Après, les cours, le temps des vacances revient avec cette chaleur que j'affectionne tant.

L'année 1959 fut particulièrement sèche, l'été fut très beau et chaud. Les bords de Loire offrent encore mais pas pour longtemps une alternative remarquable à l'exil côtier. De grandes plages de sable invitent à la détente où l'on y joue au volley, aux boules. Certains viennent pique-niquer, d'autres y pêchent ou simplement s'y promènent. 

 


genre de carte postale que l’on trouvait dans les bazars à cette époque-là.










lors de nos vacances à Saint-Brévin avec un couple de campeurs et leurs 
enfants (moi je suis agenouillée près de ma mère au centre avec des lunettes noires tandis que mon frère se tient debout à droite).


Cette année-là, mes parents décident de partir en ce mois de Juillet étouffant en camping à Saint-Brévin-les Pins, par le train jusqu'à Nantes et ensuite un car faisait la navette : un peu d'effort pour une bonne dose de convivialité et de liberté. Nous n'avions pas de table mais avec les voisins du camping, mes parents en fabriquent une ainsi que les chaises avec de la récup'. Chaque jour, nous voyions descendre du car des familles entières équipées d'épuisettes et de râteaux et coiffées pour certains de bérets et d'autres de chapeaux de paille. Des garçonnets avec des casquettes à la visière de plastique fumée vissées sur la tête portent des seaux de couleurs vives. Ils avaient intérêt de la garder car il faisait chaud cette année-là ! Sur la plage, il y régnait une animation que l'on a du mal à imaginer : des petits marchands ambulants proposaient des brioches, des bonbons, des carambars dans des corbeilles en osier.
 

Le bac de Mindin : "Le Saint-Brévin"
 
Un jour, nous avons pris le bac à Mindin pour aller voir le paquebot "France" en construction dans le port de Saint-Nazaire : la coque allait être terminée en septembre 1959.

La photo que l'on avait prise du "France" en construction durant l'été 1959.

Puis, après une quinzaine de jours, il fallut penser à rentrer : le vieux car qui nous ramenait à Nantes avait étrangement perdu de son charme. Ces vacances sont restées dans ma mémoire comme une époque héroique et formidable et rien de tel qu'un peu d'air marin et de soleil pour refaire ses forces.

Durant cette année 1959, la décision de la Commission des Ardoisières de pourvoir la cité d'un réseau de distribution d'eau va provoquer l'effervescence dans toutes les maisons. On vit enfin arriver à la cité des Tellières l'eau courante dans les habitations. On vit pendant ces mois d'été des travailleurs dans des tranchées creusées au marteau piqueur y installer les fameuses canalisations. Ces ouvriers nous interpellaient joyeusement quand ils nous voyaient et cela contribuait à créer une certaine ambiance dans cet été chauffé à blanc.


C'était pour nous le début du confort, tout le monde avait envie que cela s'améliore : on voulait l'eau au robinet à la maison. Fini, les corvées d'aller chercher l'eau à la pompe au bout de la rue.

Dans les maisons , les meubles en formica font leur apparition. Pour le ramassage des ordures ménagères, le cheval a toujours bon dos. Les employés municipaux ramassent les ordures dans un tombereau tiré par un cheval mais la cité est toujours très propre. Le battoir des lavoirs rythme encore mais pas pour longtemps : bientôt on voit la solidarité des bénévoles de l'association familiale transporter de maison en maison les premières machines à laver.

S'il est un comédien qui a marqué toute notre jeunesse dans les années 50, c'est bien Gérard Philippe. Fin 1959, à peine âgé de 37 ans, il est mort des suites d'un cancer. Dans les années 60 pointera la relève, Jean-Luc Godard surprend le public avec son film "A bout de souffle" et surfe sur la nouvelle vague avec des comédiens comme Gérard Blain, Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg.

C'est la fin des années 50, des années d'enfance. Un monde qui, tout compte-fait, ne regrette rien de premières années du début de la vie. Ni le poids des difficultés qui ont marqué cette période (dans notre monde moderne, elles ne manquent pas non plus) ; encore moins l'image de la brique chauffée au four de la cuisinière à charbon, glissée au fond du lit comme la douceur d'un rêve de lendemain heureux.

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