vendredi 4 juillet 2008

LES CRUES DE L'AUTHION



Le Pont de Sorges : L'Authion aux Ponts de Cé peu avant sa débouchure en Loire





Bien sûr, nous écoutions toujours la TSF rue du Marché, nous écoutions "Ca va bouillir", la rubrique d'un comique Zappy Max qui nous faisait rire et aussi la "famille Duraton" sorte de feuilleton humoristique dans lequel les membres d'une famille se chamaillaient pour nous faire rire et ils y arrivaient facilement vu que toutes les familles se retrouvaient un peu dans cette satyre...Mon père ne manquait pour rien au monde Geneviève Tabouis et sa voix monocorde qui lui donnait rendez-vous "A dimanche prochain avec les dernières nouvelles de demain" Maman se passionnait pour l'accordéon, les airs de valse... et nous les enfants, bah, on avait la réclame (on ne disait pas encore la pub) et la réclame chantait : "qui c'est qui fait glou-glou, c'est la bouteille, c'est la bouteille, qui c'est qui fait glou-glou, c'est la bouteille de chez nous" ou encore "la Boldoflorine, la boldoflorine, la bonne tisane pour le foie" et l'inévitable "Leroux, Leroux, c'est la meilleure chicorée".

Après notre déménagement aux Tellières, nous avons continué à fréquenter l'école primaire de Sorges car les instituteurs tenaient à nous garder prétextant que nous étions bons élèves alors chaque jour nous faisions la route en vélo par tous les temps et mon dieu, que l'hiver 54 fut rude mais peu importe le temps, nous faisions toujours la route ensemble, mon frère et moi, et jamais nous ne sommes arrivés en retard à l'école.


En  septembre 1954, le président du conseil, Pierre Mendès-France, effaré par la consommation d'alcool des Français, annonce à la radio qu'il sera offert quotidiennement, aux enfants, dans chaque école, un verre de lait. C'est ainsi qu'à l'heure de la récré, il y avait une distribution de lait et nous chantions avec nos camarades, dans la cour :"c'est grâce à la vache à Mendès-France". Moi, ce n'était pas ma "tasse de thé" car j'ai toujours eu beaucoup de mal à digérer le lait même encore aujourd'hui.


En janvier 1955, une épidémie de variole se répand à Vannes dans le Morbihan, où un militaire, de retour d'Indochine commence par contaminer son propre enfant. Deux ou trois cas seront signalés en dehors de Vannes (à Brest et à Rennes) et l'épidémie aura fait au total seize morts. Cependant, la presse s'enflamme et l'on vaccine à "tour de bras" ; à l'école, une séance de vaccination est organisée ainsi que dans tous les dispensaires de France.

Nous avons même été en barque à l'école par débordement de l'Authion. Les crues de cet affluent de la Loire ne sont plus qu'un mauvais souvenir depuis les années 60, période à laquelle Edgar Pisani fit installer une station d'exhaure aux Ponts-de-Cé qui permettait de refouler dans la Loire les eaux de l'Authion lorsque celle-ci, trop haute, reste d'un niveau inférieur à celui de la Loire. Mais la porte de l'église de Sorges conserve toujours les marques des crues de l'Authion notamment celle de 1956. Lorsque les crues se produisent en milieu d'hiver et que la froideur s'installe malgré la réputation de la douceur angevine (des températures de - 20° comme pendant l'hiver 63/64) les bords de la Loire se prennent de glace et progressivement s'amoncellent pour recouvrir toute sa surface. Superbe spectacle et impressionnant à la fois (photo ci-dessous).


 

Alors, nous attendions, comme de tout temps que les beaux jours reviennent et invariablement ils revenaient. Le dimanche, quand il faisait beau, mes parents nous emmenaient, chacun prenant son vélo, à la baignade de Murs-Erigné dans un bras de Loire, le Louet, non loin du Bosquet. L'architecture des maisons situées le long de cette rivière conférait au lieu un parfum de villégiature qui plaisait à mes parents et je me souviens d'une photo où mon frère et moi barbottions en maillot de bain en laine, "en caleçons de bain" disait ma mère... Je ne sais à quelle période de mon enfance situer celle des maillots de bain en laine rouge que ma mère nous tricotait mais "ça feutrait", "ça gênait dans les entournures" et surtout ça séchait mal !


Pour moi, les souvenirs d'enfance sont rattachés d'abord et avant tout aux dimanches au bord de l'eau qui nous ramenaient à la belle saison vers la Loire ou au bord du Louet, à la plage ou à la pêche avec mon père. Ces périodes de bonheur m'ont laissé au cœur le souvenir impérissable d'une douceur, d'un charme suranné qui jamais plus ne reviendront.
  



Les bords de la Loire seule avec mon père

et ci-dessous avec mon frère près de la Levée de Belle-Poule









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