vendredi 4 juillet 2008

LE 16 JUIN 1957, LA JOIE ET LE LENDEMAIN LE DRAME





Le 16 Juin 1957 fut le jour de ma communion solennelle.

Maman m'habilla dans la robe de communion de ma tante qui fut nettoyée et amidonnée pour la circonstance. Elle m'acheta un voile et un chapeau. Elle exigea auprès des hautes "instances" ecclésiastiques que mon frère, pourtant un an plus jeune, fit sa communion le même jour que moi... Je me souviens de la procession dans l'église : nous nous plaçâmes tous autour de l'autel, d'un côté, les filles, de l'autre côté, les garçons... attention, on ne badinait pas dans ce temps-là. Les chants interprétés étaient très beaux.



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L’église Saint-Pierre de Trélazé

Après la séance "photos", nous rentrons à la maison pour le festin. Je ne sais qui faisait office de "chef cuisinier" mais trois grandes tables avaient été dressées en "fer à cheval". Après le repas, distribution des cadeaux avant les vêpres. De cette cérémonie date ma première montre, celle qui me fut offerte par mon grand-père paternel et qui était aussi mon parrain.
Cette journée aurait dû être le souvenir d'un évènement joyeux.

Or, le lendemain, mon grand-père qui rentrait d'une partie de pêche en solex fut gravement accidenté à Bel-Air-de-Combrée. L'arrière de son engin fut accroché par un fourgon CITROEN qui transportait des explosifs à Coetquidan. Mon grand-père traversait un carrefour près de l'ancienne gendarmerie et il n'existait pas de "stop" encore à cette époque. Il a enduré un calvaire de souffrances pendant huit jours avant de s'éteindre : sa mort m'avait beaucoup marquée.




Vue panoramique de Bel-Air-de-Combrée : on aperçoit, au premier plan, la maison de ma tante et de mon grand-père et au milieu de la photo, le bâtiment un peu en retrait de la route et le plus imposant est l'ancienne gendarmerie : l'endroit où mon grand-père fut gravement accidenté en 57

Ce grand-père breton, né à Sainte-Marie-de-Redon, mûrit très tôt dans la peine et la souffrance. Il allait mendier, enfant, dans les fermes pour nourrir ses frères et sœurs. Nous n'avons pas l'idée de ce qu'est mendier son pain quand nous voyons toute l'abondance de nourriture sur les étals de nos magasin d'aujourd'hui mais de l'abondance d'aujourd'hui, nous sommes redevables à quelques-uns dont mon grand-père.
Mon grand-père était analphabète mais plein de sagesse et de bon sens. En Mars 1915, il reçut du Tsar de Russie, Nicolas II, la médaille de Saint-Georges en Or décernée aux militaires pour fait de guerre ayant contribué au succès des opérations. Mon grand-père qui était très modeste ne parlait jamais de cette action d'éclat mais je sus, par mon père, un jour, qu'il avait à lui seul parce qu'il était resté seul dans sa tranchée, arrêté la progression des allemands en continuant à tirer dans tous les sens.

Cela est resté dans les mémoires familiales et mon frère reçut à la mort de mon père, la médaille et moi, le diplôme. Sur la médaille, il est écrit en russe : 'médaille de Saint-Georges pour la bravoure". Il est rentré de la guerre à Bel-Air-de-Combrée pour reprendre son métier de fendeur à la mine d'ardoises de Misengrain. A Bel-Air l'attendaient ma
grand-mère que je n'ai jamais connue ainsi que ma tante Yvonne - décédée en 2007 - et mon père né 100 ans avant l'année de la mort de sa soeur. Quelques années plus tard, au début des années 30, il eut le malheur de perdre sa femme Joséphine et avant la seconde guerre mondiale, il se remaria avec une autre bretonne à Sainte-Marie-de-Redon.

Il avait cependant été excommunié par l'évêque pour des raisons que j'ignore mais il était pourtant beaucoup plus généreux que ceux qui fréquentent l'église





Ardoisières à BEL-AIR-DE-COMBREE.



Mon grand-père Emmanuel DEGLAND décédé en 1957 des suites d'un accident intervenu sur la voie publique était vraiment un brave homme. Il était aussi mon parrain et je ne l'ai hélas que trop peu connu





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