jeudi 26 juin 2008

LA FIN DE MES ETUDES


A la rentrée 1963, j'entrais en seconde au Lycée Chevreul, c'était un établissement uniquement féminin où il régnait une discipline militaire. Les profs étaient sévères, les pionnes du genre "garde chiourmes" et pour sortir il fallait montrer "patte blanche" ou plutôt un espèce de carnet sur lequel tout était consigné et même aussi cosigné des parents et de la "Surgé". Il fallait le remettre à la Concierge, une chouette revêche... on s'étonne que cinq ans après la marmite a explosé un certain mois de mai 68... Je ne m'étais jamais intégrée à ce lieu et à son esprit grégaire.

Bref, mon esprit ne s'adaptant pas à cette discipline de fous, j'obtins de mes parents qu'ils m'inscrivent au Cours Seng-Réthoré (cours privés de secrétariat) où j'y suis restée deux années. Ce n'était pas vraiment ce qu'ils avaient rêvé pour moi...


Je me souviens de l'hiver 63/64 qui restera comme l'un des plus longs et des plus rigoureux que l'on ait connus. Il a gelé de Noël 63 à fin février 64 et après les cours, nous chahutions, "groupés autour du poêle en oubliant l'hiver...". La Loire était prise par les glaces. Du côté de Bouchemaine,  la confluence de la Loire et de la Maine ressemblait à la banquise. Une foule de curieux venait admirer un paysage polaire indigne de la douceur angevine. Comme il n'y a pas de petits commerces, un marchand ambulant profitait de l'aubaine : il avait installer sa baraque de fabrication de crêpes et gaufres près du pont de Bouchemaine.



La Loire prise par les glaces avec au fond le pont de Bouchemaine ressemblait à la banquise. Certains s'aventuraient à marcher sur les blocs de glace ...



En 1963, mes parents s'équipent de la télévision. Il n'y avait qu'une seule chaîne mais nous découvrions, comme beaucoup de français, un flot d'images nouvelles surgies du petit écran. Papa a un faible pour celle qu'il appelle "la Caurat" . Jacqueline Caurat présente en effet, la "séquence du spectateur" séquence très attendue par nous, le dimanche midi.
Maman pour ne pas être en reste a son préféré : Maurice Séveno, le présentateur sympathique qui fut limogé pendant les grèves de 1968.


 
Le premier téléviseur de mes parents trône dans la cuisine entre la cheminée et le buffet en formica, le transistor lui résiste toujours sur le buffet.


En attendant, nous retrouvions chaque jour Maurice Séveno pour le journal télévisé quand un soir de novembre 1963, après une émission de variétés, il vint nous annoncer l'attentat qui a coûté la vie à J.F. Kennedy. Son assassinat à Dallas va stupéfier le monde entier et, pendant des jours, les images qui défilent sur nos petits écrans appartiennent à la mémoire collective : la limousine lancée à vive allure après les coups de feu tandis que Mme Kennedy, en tailleur chanel rose, affolée, se précipite sur le capot arrière.
 


Ma scolarité s'est terminée en 1964, en juin. Je peux dire que dans l'ensemble, j'ai été une bonne élève. Mes parents espéraient que je devienne institutrice, j'ai dévié vers une profession de secrétariat et je ne le regrette pas. Si, dans le secondaire, j'ai eu des professeurs attachants, la discipline et la sévérité de ceux du Lycée Chevreul m'ont révoltée. Moi, j'ai un esprit rebelle quand il s'agit d'obéir à des ordres idiots, sans réfléchir, avec une discipline rigide souvent vexatoire qui interdit toute discussion. C'est ma vérité dans toutes les circonstances de la vie.



Dans les années 60, ma voisine Danièle m'entrainait au bal de la Maraîchère à Trélazé. Au début, nos mères nous accompagnaient : elles nous chaperonnaient en quelque sorte. Il faut dire qu'à cette époque, la salle de la Maraîch' n'avait pas très bonne réputation car les jeunes perreyeux avaient, paraît-il ... le coup de poing facile. Mais la salle de la Maraîch' avait connu bien d'autres conflit. C'était une salle immense avec une estrade sur le fronton duquel on pouvait lire "GLOIRE ET HONNEUR A L'ÉCOLE LAÏQUE - DANS LE PAYS DU SUFFRAGE UNIVERSEL, TOUT CITOYEN DOIT SAVOIR LIRE ET ÉCRIRE". C'est dire les pensées dominantes de cette populaire ouvrière et très rouge (à l'époque). 

Cette salle populaire est devenue à la fin du XIX° siècle et pendant une grande partie du XX° jusqu'à ce que l'activité ardoisière perdure, un haut lieu de rassemblements syndicaux des ardoisiers qui mobilisaient jusqu'à 1500 ouvriers par réunion.   


Bref, et revenons à cette salle de la Maraîch les samedis soir de bal, j'aimais beaucoup danser et j'y ai toujours passé de bons moments avec Danièle, Jacqueline ou bien Renée. Un bar trônait à l'entrée. J'y ai vu des danseurs un peu émèchés, jamais de bagarres. Toute tentative était aussitôt neutralisée. Il y avait des organisateurs qui surveillaient les clients et l'aspect de ces gentils organisateurs faisait quand même réfléchir les candidats à la bagarre. Dès qu'une conversation donnait l'impression de devoir prendre un tour un peu "physique", les interlocuteurs étaient immédiatement entourés et poussés vers la sortie.




 


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