lundi 23 juin 2008

DEPART DE LA CITE DES TELLIERES


La Mise en rangée des ardoises sur les carrières de TRÉLAZÉ

Retour en France dans la nouvelle demeure de mes parents car, en 1966, il avait fallut déménager : mon père était retraité depuis quelques années, nous avons changé de rue. Mes parents ont acheté une ancienne maison des ardoisières au 169 de la rue Jean Jaurès. J'ai beaucoup regretté qu'ils aient été contraints de partir de la rue du Marché. Mon père avait travaillé toute sa vie à la "Carrière" : toute sa vie , il avait été fendeur-ardoisier. A partir d'un bloc de schiste il pouvait obtenir de fines ardoises de quelques centimètres et de quelques centaines de grammes à l'aide d'un maillet et d'un cobra (ciseau à ardoises). Il avait commencé ses débuts avec son père dans une petite cabane sur une butte d'ardoises à Bel-Air de Combrée. Ils étaient payé selon la production d'ardoises qu'ils fendaient. Le schiste commençant à s'épuiser dans les carrières de Bel-Air/Misengrain, il était venu pendant les années 30, à Trélazé, continuer son métier de fendeur mais non plus dans les cabanes, sur les buttes, mais dans les magasins des Grands Carreaux et de l'Hermitage.

Un fendeur scie une ardoise avec un "cobra"



J'ai beaucoup regretté notre maison au 10 de la rue du Marché et tous mes souvenirs d'enfance et de jeunesse qui s'y rattachaient. Cela m'a fait mal de quitter mon jardin où mes parents avaient tant "donné" : mon père maintenant n'avait plus de jardin qu'une petite courette et il allait s'ennuyer ferme.

Et pourtant, lorsque nous sommes partis de la Cité des Tellières, les maisons des ardoisières - comme la nôtre - n'avaient toujours pas le confort d'une salle de bains et les toilettes étaient toujours à l'extérieur : ces fameux "cabinets" avec leur siège à la turque.

J'avais de la peine en quittant ma chambre d'étudiante et le grenier attenant. Que d'heures j'ai pu passer à "fouiner" dans ce grenier. Mais, moi, pas de malles avec des habits de la belle époque ou des chapeaux mais des vieilleries comme on en trouve dans tous les greniers. Maman y avait entreposé notamment ses vieux magazines "Madrigal" datant des années 40 et surtout les vieux "Modes de Paris" des années 50 dans lesquels il y avait des romans-photos, ces "love-story" qui nous ont tenu en haleine toutes les deux d'une semaine à l'autre... Avec le recul, je trouverais ces histoires totalement niaiseuses mais il y a des émissions de télé-réalité sur nos chaînes de télévision actuelles qui ne sont pas d'un niveau hautement plus culturel.


 Si j'ai décidé depuis peu de mettre sur la toile tous mes souvenirs, c'est en hommage à tous ceux qui ont partagé les moments heureux de l'enfance et tout d'abord à mes parents. Mon père est mort alors que j'allais avoir 35 ans et ce qu'il m'a laissé en héritage c'est sa passion du travail tant pour son métier de fendeur que pour son jardin . Mais le mien fut bien moins pénible que celui de mes parents qui ont "trimé" toute leur vie pour que nous puissions accéder aux études et avoir un "avenir" qu'il souhaitait meilleur que le quotidien qu'ils pouvaient avoir. Et en travaillant très dur parfois, mes parents caressaient toujours cet espoir de nous voir arriver à une vie meilleure.

Arrivée à l'âge de 73 ans, celui où mon père nous a quittés, il m'arrive de repenser souvent aux sacrifices qu'ils ont consenti pour nous mais ce que j'ai découvert depuis c'est que ce qu'ils nous ont laissé en héritage (les manières polies, le non-gaspillage, les veillées à les écouter rire, chanter ou évoquer leurs propres souvenirs) est un bien infiniment plus précieux qu'une immense richesse.

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